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Le poème de Parménide Traduction anglaise de Burnet, L'aurore de la philosophie grecque, 1892 Le texte a été scanné et révisé par nos soins 1. Les cavales qui m'emportent m’ont conduit aussi loin que mon cœur pouvait le désirer, puisqu’elles m’ont amené et déposé sur la voie fameuse de la déesse qui seule dirige l'homme qui sait à travers toutes choses. C’est là que j’ai été conduit; car les très habiles coursiers m’y ont transporté, traînant mon char. et des jeunes filles montraient la voie. Et l’axe, bruitant dans le moyeu, — car il était pressé de chaque côté par les roues tourbillonnantes, — faisait entendre un son strident, quand les filles du Soleil, pressées de me conduire à la lumière, écartèrent leurs voiles de leurs faces et quittèrent la demeure de la Nuit. Là se trouvent les portes [où se séparent les] chemins de la Nuit et du Jour, pourvues en haut d’un linteau et en bas d’un seuil de pierre. Elle-même, élevée dans l'air, est formée par de puissants battants, et la Justice vengeresse garde les clefs qui les ouvrent et les ferment. Les jeunes filles lui parlèrent avec de douces paroles et la persuadèrent habilement d'ôter des portes sans hésiter les barres verrouillées. Quand les portes furent ouvertes, elles laissèrent voir une ouverture béante, car leurs battants d’airain, garnis de clous et d'agrafes, tournèrent l’un après l’autre dans leurs écrous. Droit à travers elles, sur la large route, les jeunes filles guidèrent les chevaux et le char ; la déesse me salua amicalement, prit ma main droite dans les siennes et me dit ces paroles : Sois le bienvenu, ô jeune homme, qui viens à ma demeure sur le char qui te porte, conduit par d'immortels cochers ! Ce n'est pas un mauvais destin, c’est le droit et la justice qui t’ont engagé sur cette voie éloignée du sentier battu des hommes ! Mais il faut que tu apprennes toutes choses, aussi bien le cœur inébranlable de la vérité bien arrondie, que les opinions illusoires des mortels, dans lesquelles n’habite pas la vraie certitude. Néanmoins, tu dois apprendre aussi ces choses — comment [les mortels] auraient dû juger que sont les choses qui leur apparaissent — tandis que toi, tu vas à travers toutes choses dans ton voyage. Mais éloigne ta pensée de cette voie de recherche, et ne laisse pas l'habitude te forcer, par sa grande expérience, à jeter sur cette voie un œil sans but, ou une oreille sonore, ou une langue, mais juge par le raisonnement la preuve très discutée que j’ai prononcée. Il ne reste plus qu’une voie dont il puisse être parlé... — R. P. 113. La voie de la vérité. 2. Considère fermement les choses avec ton esprit, bien qu’elles soient éloignées, comme si elles étaient à portée de ta main. Tu ne peux pas couper ce qui est de ses relations avec ce qui est, de sorte que ni il ne se dissipe au dehors, ni ne se rassemble. — R. P.118a. 3. Ce m’est tout un par où je commence, car je reviendrai ici. 4, 5. Viens maintenant, je vais te dire — et toi, prête l'oreille à mes paroles et garde-les en toi-même -— les deux seules voies de recherche que l’on puisse concevoir. La première, à savoir qu’il est, et qu’il est impossible pour lui de ne pas être, est la voie de la Persuasion, car elle est accompagnée de la Vérité. La seconde, à savoir qu’il n'est pas, et qu’il n’est pas nécessaire qu’il soit — celle-là, je te le dis, est un sentier dans lequel personne ne peut rien apprendre. Car tu ne peux pas connaître ce qui n’est pas — cela est impossible — ni l'exprimer ; car une seule et même chose peut être conçue et peut être. —R. P. 114. 6. De toute nécessité, cela doit être, qui peut être pensé et dont on peut parler, car il est possible pour lui d’être, mais il n’est pas possible que soit ce qui n’est rien. C’est ce que je te prie de considérer. Je te mets en garde contre cette première voie de recherche, contre cette autre aussi, sur laquelle les mortels ignorants errent sous un double visage ; car c’est l'incapacité qui guide dans leurs poitrines leur pensée vacillante, et ils s'agitent de ci, de là, hébétés, comme des hommes sourds et muets. Foules sans jugement, aux yeux de qui cela est et cela n’est pas, le même et non le même, et toutes choses vont dans des directions opposées. — R. P. 115. 7. Car cela ne sera jamais prouvé : que les choses qui sont ne sont pas ; mais toi, retiens ta pensée de cette voie de recherche. (R. P. 116.) 8. Il ne reste qu’un chemin dont nous ayons à parler, à savoir que Cela est. En lui sont une foule de signes que ce qui est est incréé et indestructible ; car il est complet, immobile et sans fin. Ni il n’a jamais été, ni il ne sera. parce qu’il est maintenant, tout à la fois, sans discontinuité. Car quelle sorte d'origine veux-tu chercher pour lui ? De quelle manière et de quelle source pourrait-il avoir tiré sa croissance ? Je ne te laisserai ni dire ni penser qu’il est sorti de ce qui n’est pas, car on ne peut ni penser ni articuler que quelque chose n’est pas. Et s’il ne venait de rien, quelle nécessité eût pu le faire naître de préférence plus tard que plus tôt? Ainsi donc, il doit être ou bien tout à fait ou n’être pas du tout. La force de la vérité ne permettra pas non plus à quoi que ce soit de naître à ses côtés de ce qui n’est pas. C'est pourquoi la Justice ne délie pas ses chaînes et ne laisse rien venir au jour ou disparaître, mais maintient fermement ce qui est. Notre jugement à cet égard dépend de ceci: Cela est-il ? ou Cela n'est-il pas ? Sûrement la question est jugée comme elle doit nécessairement l’être, à savoir que nous devons écarter l’une des voies comme inconcevable et innommable (car ce n’est pas une voie véritable), et que l’autre est réelle et véritable. Comment donc ce qui est peut-il être sur le point d’être dans l'avenir? Ou comment a-t-il pu venir à l'existence ? S’il est venu à l'existence, il n’est pas ; il n’est pas non plus s’il est sur le point d’être dans l’avenir. Ainsi la naissance est éteinte et on ne saurait parler de destruction. — R. P 117. Il n’est pas non plus divisible, puisqu’il est absolument pareil, et qu’il n’y a pas plus de lui dans un lieu que dans un autre, ce qui l'empêcherait de se maintenir, ni moins de lui non plus, mais tout est plein de ce qui est. Aussi est-il parfaitement continu, car ce qui est est en contact avec ce qui est. De plus, il est immobile dans les liens de chaînes puissantes, sans commencement et sans fin, puisque la naissance et la destruction ont été rejetées bien loin, et que la vraie croyance les a repoussées. Cela est le même et reste au même lieu, habitant en lui-même. Et ainsi il reste constamment à sa place, car une rigoureuse nécessité le garde dans les liens de la limite qui le tient ferme de chaque côté. C'est pourquoi il n’est pas permis à ce qui est d’être infini, car il ne lui manque rien; tandis que, s’il était infini, il manquerait de tout. — R. P. 118. La chose qui peut être pensée et celle à l'égard de laquelle la pensée existe sont une seule et même chose, car tu ne saurais trouver une pensée sans une chose qui soit, et au sujet de laquelle elle soit exprimée. Et il n'y a et il n’y aura jamais une chose quelconque en dehors de ce qui est, puisque le destin l’a enchaîné de façon à ce qu’il soit entier et immuable. Ainsi donc, toutes ces choses ne sont que des noms que les mortels ont donnés, les croyant vraies : naissance et destruction, être et non être, changement de lieu et altération de la brillante couleur. — R. P. 119. Puisque, donc, il a une limite extrême, il est complet en tous sens, comme la masse d’une sphère arrondie, également pesant à partir du centre dans toutes les directions ; car il ne peut pas être plus grand ou plus petit en un lieu qu’en un autre. Car il n'est rien qui puisse l'empêcher de s’étendre également, et rien de ce qui est ne peut être plus ici et moins là que ce qui est, puisque tout est inviolable. Car le point à partir duquel il est égal en tous sens tend également vers les limites. — R. P. 120. _ La Voie de l'opinion. Je clorai ici mon discours digne de confiance et mes pensées sur la vérité. Dès ici, apprends à connaître les opinions des mortels, prêtant l’oreille à l’ordre décevant de mes paroles. Les mortels ont résolu de nommer deux formes, dont ils ne devraient pas nommer l’une, et c'est en ce point qu’ils s’écartent de la vérité. Ils les ont jugées opposées quant à la forme, et leur ont assigné des marques différentes les unes des autres. A l’une, ils accordent le feu du ciel, qui est doux, très léger, pareil à lui-même en tous sens, mais non le même que l’autre. L’autre est justement son contraire, c’est la sombre nuit. corps épais et pesant. De ces choses, je t’annonce tout l'arrangement, comme il semble probable, car ainsi aucune pensée de mortel ne te surpassera jamais. —— R. P. 121. 9. Maintenant, puisque toutes choses ont été nommées lumière et nuit, et que les noms qui appartiennent à la puissance de chacune ont été assignés à ces choses-ci et à celles-là, toute chose est pleine à la fois de lumière et de sombre nuit, toutes deux égales, puisqu’aucune n’a rien à faire avec l'autre. 10, 11. Et tu connaîtras la substance du ciel, et tous les signes que renferme le ciel, et les effets resplendissants du pur flambeau du soleil, et d’où ils prennent naissance. Et tu apprendras également les œuvres vagabondes de la lune à face arrondie, et sa substance. Tu connaîtras aussi les cieux qui nous entourent, d’où ils sont nés, et comment la Nécessité les a saisis et les a forcés de garder les limites des astres... comment la Terre, et le Soleil et la Lune, et le Ciel qui est commun à tous, et la Voie lactée, et I ’Olympe le plus reculé, et la force brûlante des étoiles ont pris naissance. — R P. 123, 124. 12. Les anneaux plus étroits sont remplis de feu sans mélange, et ceux qui viennent après, de nuit, et au milieu de ceux-ci se répand leur portion de feu. Au milieu de ces cercles, est la divinité qui dirige le cours de toutes choses ; car elle est le principe de toute naissance douloureuse et de toute génération, poussant la femelle dans les embrassements du mâle, et le mâle dans ceux de la femelle. — R. P. 125. 13. Avant tous les autres dieux, elle a créé Eros. -— R. P. 125. 14. Brillant la nuit d’une lumière empruntée, et errant autour de la Terre. 15. Toujours regardant du côté des rayons du Soleil. 16. Car, tout de même que la pensée trouve en tout temps le mélange de ses organes errants, ainsi en est-il des hommes ; car ce qui pense est le même, à savoir la substance des membres dans chaque et tout homme ; car leur pensée est ce de quoi il y a le plus en eux. — R. P. 128. 17. A droite les garçons ; à gauche les filles. 19. Ainsi, selon les opinions des hommes, les choses sont venues à l'existence et ainsi elles sont maintenant. Au cours du temps, elles croîtront et seront détruites. A chacune de ces choses, les hommes ont assigné un nom déterminé. — R. P. 129 b.