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(mise à jour : le 24/01/2021)


τὸ γὰρ αὐτὸ νοεῖν ἐστίν τε καὶ εἶναι..
Car le pensé et l’être sont une même chose.


1) PARMÉNIDE : Œuvres Complètes

a) Parmenide en html (traduction française de Tannery, Pour l'histoire de la science hellène, de Thalès à Empédocle, 1887 et traduction anglaise de Burnet, L'aurore de la philosophie grecque, 1892)
b) Parmenide en PDF (texte grec établi par nos soins, traduction française de Tannery, Pour l'histoire de la science hellène, de Thalès à Empédocle, 1887 et traduction anglaise de Burnet, L'aurore de la philosophie grecque, 1892) en PDF
c) Parmenide traduit par Paul Tannery (texte grec établi par nos soins, chaque mot est relié au dictionnaire grec-anglais de Perseus, traduction française de Tannery, Pour l'histoire de la science hellène, de Thalès à Empédocle, 1887) ou en version parallèle : grec-français
d) Parmenide traduit par John Burnet (texte grec établi par nos soins, chaque mot est relié au dictionnaire grec-anglais de Perseus, traduction française d'après L'aurore de la philosophie grecque de John Burnet, Ed. 1919 pour la traduction française par A. Reymond


2) PARMÉNIDE : VIE (d'après L'aurore de la philosophie grecque de John Burnet, Ed. 1919 pour la traduction française par A. Reymond).

Parménide, fils de Pyrès, était citoyen d'Hyele, Elia, ou Velia, colonie fondée en Oenotrie par des réfugiés de Phocée en 540-539 avant J.-C.1. Diogène nous dit qu'il « florissait » dans la LXIXe Olympiade (504-500), et c'était là, sans aucun doute, la date donnée par Apollodore 2. D'un autre côté, Platon affirme que Parménide vint à Athènes dans sa soixante-cinquième année, accompagné de Zenon, et qu'il conversa avec Socrate, alors tout à fait jeune. Or Socrate venait de dépasser les soixante-dix ans quand il fut mis à mort, en 399 ; et par conséquent, si nous supposons qu'il était éphèbe, c'est-à-dire qu’il avait de dix-huit à vingt ans au mo-ment de son entrevue avec Parménide, nous obtenons, comme date de cet événement les années 451 à 449, c'est-à-dire qu'en acceptant la date d'Apollodore, Parménide aurait eu plus de quatre-vingts ans. Je n'hésite pas à accepter l'indication de Platon 3, étant donné que nous avons une autre preuve indépendante de la visite de Zenon à Athènes, où l'on dit que Périclès l'« entendit »4. D'autre part, la date donnée par Apollodore dépend seulement de celle de la fondation d'Elée, qu'il avait adoptée comme étant celle de l’akmé de Xénophane. Parménide est né cette année-là, tout comme Zenon est né l'année où Parménide « florissait». Pourquoi l'on pourrait préférer ces transparentes combinaisons au témoignage de Platon, il m'est bien difficile de le comprendre, quoique l'on puisse éga-lement se demander pourquoi Apollodore lui-même a négligé des dates aussi précises. Nous avons déjà vu (§ 55) qu'Aristote mentionne une indication suivant laquelle Parménide aurait été l'élève de Xénophane ; mais la valeur de son témoignage est diminuée par le ton douteux dans lequel il s'exprime, et il est plus que probable qu'il s'en réfère simplement à ce que dit Platon dans le Sophiste 5. Il est, nous l'avons vu aussi, très improbable que Xé-nophane ait fondé l'école d'Elée, quoiqu'il soit bien possible qu'il ait vi-sité cette ville. Il nous raconte lui-même qu'il voyageait encore de ci de là, dans sa quatre-vingt-douzième année (fragm. 8). A cette époque, Parménide devait être déjà très avancé en âge. Et nous ne devons pas perdre de vue l'indication de Sotion, que nous a conservée Diogène, et suivant laquelle, si Parménide a «entendu» Xénophane, il ne l'a pas «sui-vi». Si l'on en croit ce renseignement, notre philosophe fut l'« asso-cié » d'un Pythagoricien, Ameinias, fils de Diochaitas, «pauvre mais no-ble homme, auquel il éleva plus tard un herôon». Ce fut Ameinias, et non Xénophane, qui « convertit » Parménide à la vie philosophique 6. Ceci ne paraît pas être une invention, et nous devons nous souvenir que les Alexandrins avaient sur l'histoire de l'Italie méridionale des informations que nous n'avons pas. Le monument élevé par Parménide existait encore, semble-t-il, à une date bien postérieure, comme le tombeau de Pytha-gore à Métaponte. Il convient de mentionner encore le fait que Strabon range Parménide et Zenon parmi les Pythagoriciens, et que Cébès parle d'une « conduite de vie parménidienne et pythagoricienne 7». Zeller ex-plique tout cela en supposant que, comme Empédocle, Parménide ap-prouvait et pratiquait le genre de vie des Pythagoriciens sans adopter leur système. Il peut être vrai que Parménide crût à une « vie philoso-phique » (§ 35), et qu'il en ait pris l'idée chez les Pythagoriciens, mais il n'y a, soit dans ses écrits, soit dans ce que l'on nous raconte à son sujet, que de bien faibles indices qu'il ait été affecté d'une manière quelconque par le côté religieux du Pythagorisme. L'ouvrage d'Empédocle a évi-demment été modelé sur celui de Parménide, et cependant il y a entre les deux un abîme infranchissable. L'élément de charlatanisme qui constitue un si étrange trait de la copie, est absolument absent du modèle. Il est vrai, sans doute, qu'il y a des traces d'idées orphiques dans le poème de Parménide 8, mais on les trouve toutes soit dans l'introduction allégori-que, soit dans la seconde partie de cette œuvre, et il n'y a par conséquent pas lieu de les prendre trop au sérieux. Or Parménide était un Hellène d'occident ; il avait probablement été Pythagoricien, et il n'est par consé-quent pas peu remarquable qu'il soit resté si exempt de la tendance commune de son siècle et de son pays. Si l'on peut trouver quelque part une trace de l'influence de Xénophane, c'est sur ce point. En ce qui concerne ses relations avec le système pythagoricien, nous aurons quel-que chose à en dire plus tard. Pour le moment, il nous suffira de noter que, comme la plupart des anciens philosophes, il prit part à la politique, et Speusippe rapportait qu'il fut le législateur de sa cité natale. D'autres ajoutent que les magistrats d'Elée faisaient jurer chaque année aux ci-toyens de garder les lois que Parménide leur avait données 9.
LXXXV. -— LE POÈME.
Parménide fut en fait le premier philosophe qui exposa son système en langage métrique. Comme il existe quelque confusion sur ce sujet, quel-ques mots d'explication ne seront pas de trop. A propos d'Empédocle, M. J.-A. Symonds écrit : « L'âge dans lequel il vivait n'avait pas encore jeté par-dessus bord la forme poétique dans l'exposé de la philosophie. Même, Parménide avait confié au vers hexamètre ses austères théories.» Il y a là une inexactitude. Les premiers philosophes, Anaximandre, Anaximène et Heraclite, écrivirent tous en prose, et les seuls Grecs qui écrivirent des ouvrages philosophiques en vers furent justement ces deux : Parménide et Empédocle ; car Xénophane n'était pas plus qu'Epi-charme un philosophe de carrière. Empédocle imita Parménide, et celui-ci fut sans aucun doute influencé par Xénophane et les Orphiques. Mais la chose était une innovation, et cette innovation ne se maintint pas. Les fragments de Parménide nous ont été conservés pour la plus grande partie par Simplicius, qui les a heureusement insérés dans son commen-taire, parce qu'à son époque l'œuvre originale était déjà rare1. Je suis l'ar-rangement de Diels.
1 Diog. IX, 21 (R. P. 111). Sur la fondation d'Elée, voir Hérod. I, 165 sq. Cette localité était située sur la côte de Lucanie, au sud de Poseidonia (Paestum).
2 Diog. IX,23 (R. P. 111). Cf. Diels, Rhein. Mus. XXXI, p. 34, et Jacoby, p. 231 sq.
3 Platon, Parm. 127 b (R. P. 111 d; DV 19 A 5). Il y a, comme Zeller l'a montré, un certain nombre d'anachronismes dans Platon, mais il n'y en a pas un seul du calibre qu'aurait celui-ci, si Apollodore avait raison. Tout d'abord, nous avons des indications exactes relativement aux âges de Parménide et de Zenon, indications d'où il ressort que le dernier était de vingt-cinq ans plus jeune que le premier, et non de quarante, comme l’a dit Apollodore. En second lieu, Platon mentionne cette rencontre en deux autres passages (Tht. 183 e 7 et Soph. 217 c 5), qui ne semblent pas être de simples allusions au dialogue intitulé Parménide. On ne peut citer aucun parallèle d'un anachronisme aussi évident et délibéré que le serait celui-ci. E. Meyer (Gesch. des Alterth. IV, § 509 note) regarde aussi comme historique la rencontre de Socrate et de Parménide.
4 Plut. Per. 4, 3. Voir plus loin, chap. VIII, § 155, note.
5 Voir plus haut, chap. II, p. 141, n. 3.
6 Diog. IX, 21 (R. P. 111), où je lis Ἀμεινίᾳ Διοχαίτα avec Diels (Hermès XXXV, p. 197). Sotion, dans ses Successions, séparait Parménide de Xéno-phane et l'associait aux Pythagoriciens (Dox. p. 146, 148, 166).
7 Strabon, VI, 1, p. 252 (p. 198, note, DV 18 A 12) ; Ceb. Tab. 2 (R. P. 111 c). Ce Cébès n'est pas celui du Phédon ; mais il vécut certainement quelque temps avant Lucien, qui parle de lui comme d'un écrivain bien connu. Un Cynique de ce nom est mentionné par Athénée (156 d). Les indica-tions de Strabon sont de la plus grande valeur, car elles sont basées sur des historiens actuellement perdus.
8 O. Kern, dans l'Archiv, III, p. 173 sq. Nous en savons trop peu, toutefois, sur les poèmes apocalyptiques du VIe siècle avant J.-C. pour être sûrs des détails. Tout ce que nous pouvons dire, c'est que Parménide a tiré de quelque source de ce genre la forme de son poème. Voir Diels, Ueber die poetischen Vorbilder des Parmenides (Berl. Sitzb. 1896) et l'introduction à son Parmenides Lehrgedicht, p. 9 sq.
9 Diog. IX, 23 (R. P. 111); Plut. adv. Col. 1226 a (DV 18 A 12).

 

 

 

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